Mission : déjouer le phishing un clic (sans clic) à la fois
- David Chernitzky
- 8 août
- 5 min de lecture

L'hameçonnage n'est plus réservé aux personnes imprudentes ou inexpérimentées. Les pirates informatiques étant de plus en plus sophistiqués, même les cadres supérieurs sont victimes de ces escroqueries, souvent aux conséquences désastreuses. Des fausses factures aux e-mails savamment conçus qui exploitent nos émotions, les attaques d'hameçonnage visent à tromper, à semer la confusion et à compromettre la sécurité.
Alors, comment protéger non seulement l'employé moyen, mais aussi le conseil d'administration ? La réponse réside dans la sensibilisation, la psychologie et un changement culturel durable.
Le phishing est une guerre psychologique et ça marche
Les e-mails d'hameçonnage ne sont pas de simples spams aléatoires. Ils sont conçus selon des principes d'ingénierie sociale pour contourner la logique et susciter l'action en utilisant l'urgence, l'autorité, la peur ou la récompense. Par exemple :
« Votre compte a été bloqué : cliquez ici pour le débloquer. »
« J’ai besoin que vous traitiez ce paiement dès que possible, Monsieur le PDG. »
Les humains sont programmés pour réagir au stress et à l'autorité. Les cybercriminels le savent et l'exploitent avec précision. C'est pourquoi même les personnes les plus compétentes, y compris les cadres, se font souvent avoir.

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Les dirigeants sont les principales cibles et souvent le maillon le plus faible
Les attaques de phishing ciblant les dirigeants (aussi appelées « whaling ») sont en hausse. Pourquoi ? Parce que les informations d'identification des cadres supérieurs ouvrent la voie à l'accès à des données confidentielles, à des virements bancaires et à des systèmes privilégiés.
Cependant, des études montrent que seulement 1,6 % à 2 % des dirigeants sont capables de détecter systématiquement les escroqueries par hameçonnage.
Cela fait des hauts dirigeants non seulement une cible de grande valeur, mais aussi une cible à haut risque.
La première étape : former les gens à détecter les signes
Bien que les e-mails de phishing imitent de mieux en mieux les messages légitimes, certains signes avant-coureurs persistent :
Demandes inattendues avec urgence
Domaines de messagerie qui semblent presque identiques
Salutations génériques
Accessoires insolites
Liens de réinitialisation du mot de passe
La formation continue aide les employés à tous les niveaux à apprendre à faire une pause, à inspecter et à signaler au lieu de réagir de manière impulsive.
Les 10 signes d'alerte de phishing les plus courants

La formation n’est pas un événement ponctuel : c’est une culture
Voici la dure vérité : un module de formation annuel ne suffit pas.
Tout comme aller une fois à la salle de sport ne vous permettra pas de retrouver la forme, une simple simulation d'hameçonnage ne vous aidera pas à développer une véritable résilience. Il a été démontré qu'une formation continue, engageante et en constante évolution réduit le risque de failles de sécurité jusqu'à 70 %, notamment lorsqu'elle est renforcée par :
Micro-entraînements mensuels
Simulations de phishing réalistes
Un engagement en matière de cybersécurité porté par les dirigeants
Le changement culturel commence au sommet. Lorsque les dirigeants s'engagent, promeuvent et prennent la cybersécurité au sérieux, son impact s'étend à toute l'organisation.
Signaler un hameçonnage : le véritable test de la culture de la cybersécurité

Reconnaître un e-mail d'hameçonnage est la première étape. Le signaler est la clé.
Lorsque les employés prennent la précaution de signaler les e-mails suspects, plutôt que de simplement les ignorer ou les supprimer, cela signifie que la cybersécurité n'est pas une simple case à cocher une fois par an. Cela signifie que le message est passé. Cela signifie que la sécurité fait partie intégrante de la culture d'entreprise.
Pourquoi est-ce important ?
Les menaces sont stoppées plus rapidement. Un signalement précoce permet au service informatique d'identifier et de neutraliser les attaques avant qu'elles ne se propagent.
Les tendances deviennent visibles. Les équipes de sécurité comprennent mieux l'évolution des attaques et leurs cibles.
L'ensemble de l'organisation en bénéficie. Ce qu'une personne capte peut empêcher des dizaines de personnes de tomber dans le même piège.
Mais cela n'arrive pas par hasard. Cela nécessite une sensibilisation continue, des simulations d'hameçonnage en situation réelle et un renforcement constant pour que le signalement de ces incidents devienne naturel.
Dès l’instant où les employés cliquent instinctivement sur « Signaler » au lieu de « Supprimer », vous savez que votre culture de cybersécurité fonctionne.
Conclusion
Les cybermenaces ne diminuent pas, et vos défenses ne devraient pas faiblir non plus. Un seul clic erroné peut paralyser les opérations, compromettre des données sensibles ou éroder des années de confiance. La dure réalité ? Ce n'est pas toujours la technologie qui fait défaut, mais le comportement humain.
La bonne nouvelle, c'est que façonner ce comportement ne nécessite pas de budgets colossaux ni de plateformes complexes. Une sensibilisation efficace à la cybersécurité est à portée de main : elle est pratique, évolutive et a fait ses preuves. Elle requiert en revanche cohérence, pertinence et une culture qui considère la sécurité non pas comme une obligation, mais comme une responsabilité partagée.
Il est temps de repenser votre approche. N'attendez pas qu'une faille de sécurité révèle vos faiblesses. Responsabilisez votre équipe, renforcez son instinct et développez sa résilience de l'intérieur.
En cybersécurité, la sensibilisation n’est pas facultative : c’est une question de survie.
Faites le premier pas. Construisons ensemble quelque chose de durable.
Vidéo : 6 conseils pour identifier et éviter les e-mails de phishing
Questions et réponses : votre organisation est-elle vraiment préparée ?
Q : Nous demandons déjà à nos employés de ne pas cliquer sur les e-mails suspects. N'est-ce pas suffisant ?
R : Pas entièrement. Le phishing moderne est une guerre psychologique conçue pour exploiter la confiance, l'urgence et la peur. Une simple politique de « non-clic » ne fait pas le poids face à une ingénierie sociale sophistiquée. Sans formation continue, votre équipe pourrait reconnaître le risque, mais se laisser prendre à cette tactique.
Q : Quel est le coût réel si une personne clique ?
R : Un simple clic peut suffire à déclencher une attaque par rançongiciel, une violation de données ou une fraude au virement bancaire. Et il ne s'agit pas toujours de logiciels malveillants : vol d'identifiants, atteinte à la réputation et sanctions réglementaires peuvent en résulter. Le coût financier est élevé, mais l'impact opérationnel et sur la réputation est souvent encore plus important.
Q : Pourquoi est-il important de signaler les cas de phishing si le service informatique bloque déjà la plupart d'entre eux ?
R : Parce que l'informatique ne peut pas arrêter ce qu'elle ne voit pas. Signaler les e-mails suspects offre à votre équipe de sécurité une visibilité essentielle sur les fuites et la façon dont les attaquants s'adaptent. Le signalement n'est pas seulement une mesure réactive ; il contribue à la mise en place de défenses proactives dans toute l'organisation.
Q : S'entraîner une fois par an n'est-il pas suffisant ?
R : Vous attendez-vous à des résultats durables sur votre condition physique en vous entraînant une journée par an ? La cybersensibilisation fonctionne de la même manière. Le changement de comportement s'obtient par le renforcement : séances courtes et pertinentes, exercices réguliers et adhésion de la direction. C'est ainsi que l'on construit une culture, et pas seulement la conformité.
Q : Comment savoir si notre formation fonctionne vraiment ?
R : Le signe le plus évident ? Les gens signalent les cas d'hameçonnage plutôt que de les supprimer. Ce petit geste signifie que le message a pris racine. Les taux de signalement, les résultats des simulations et les tendances d'engagement le prouvent, mais un signalement régulier est le signe le plus clair que la sensibilisation est devenue une culture.
Q : Nous voulons nous améliorer, mais nous ne disposons pas des ressources internes nécessaires. Que faire maintenant ?
R : C'est précisément la raison d'être des programmes de sensibilisation à la cybersécurité. De la stratégie à la simulation en passant par le support, nous aidons les équipes à intégrer la sécurité à leur culture sans augmenter leur charge de travail. Discutons de la solution la plus adaptée à votre équipe.
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